Opérations en monnaies étrangères – 1 guide pratique

Opérations en monnaies étrangères

Dans un environnement économique de plus en plus mondialisé, la maîtrise de la comptabilité et de la fiscalité relatives aux opérations en monnaies étrangères devient un enjeu crucial pour les entreprises marocaines. La comptabilité marocaine, réglementée par le Code général de normalisation comptable, présente des spécificités notables, notamment en ce qui concerne le traitement des transactions en devises. Ces spécificités se distinguent des normes internationales par des approches particulières en matière de comptabilisation des gains et pertes de change, ainsi que dans la déclaration fiscale.

L’objet de cet article est de fournir un aperçu clair et détaillé de ces aspects. Nous aborderons les différences fondamentales entre la comptabilité marocaine et les standards internationaux, la manière dont les opérations en monnaies étangères sont traitées dans les livres comptables marocains, les obligations fiscales spécifiques, ainsi que le calcul et la déclaration des gains ou pertes de change selon le Code général des impôts marocain. Nous explorerons également les incitations fiscales éventuelles pour les entreprises effectuant des transactions en monnaies étrangères.

Cet article est conçu pour être une ressource précieuse pour les professionnels de la comptabilité et de la fiscalité au Maroc, ainsi que pour les entreprises cherchant à naviguer dans les eaux complexes des transactions internationales.


Les entreprises peuvent réaliser, dans le cadre de leur activité, des opérations en monnaies étrangères. Ces opérations peuvent correspondre :

  1. Premièrement, à des opérations de ventes à l’étranger (exportations) ;
  2. Deuxièmement, à des opérations d’achat à l’étranger (importations) ;
  3. Troisièmement, à des opérations d’emprunt ;
  4. Quatrièmement, à des opérations en capital ;
  5. De manière générale, à toute opérations financière impliquant la réception ou le paiement de devises étrangères

 


Les Différences entre la Comptabilité Marocaine et les Normes Internationales

opérations en monnaies étrangères

La comptabilité au Maroc, régulée par le Code général de normalisation comptable (CGNC), présente des particularités distinctes par rapport aux normes comptables internationales comme les IFRS (International Financial Reporting Standards). Ces différences se manifestent principalement dans l’approche de comptabilisation, l’évaluation des actifs et des passifs, ainsi que dans la présentation des états financiers.

Tout d’abord, le CGNC se concentre sur une vision prudente de la comptabilité, où l’accent est mis sur la sécurité des informations financières. Cela se traduit par une évaluation plus conservatrice des actifs et une reconnaissance plus stricte des passifs. Par exemple, contrairement aux IFRS qui favorisent une valorisation des actifs basée sur la juste valeur, le CGNC privilégie une approche basée sur le coût historique, sauf pour certaines exceptions bien définies.

Ainsi, les gains de change latents ne sont pas reconnus dans les comptes marocains. A contrario, les écarts de conversion actifs (pertes de change) doivent faire l’objet de la reconnaissance de provisions pour pertes de change.

La présentation des états financiers selon le CGNC diffère également des IFRS. Alors que les IFRS exigent une présentation détaillée et segmentée, le CGNC adopte une approche plus globale, souvent perçue comme moins complexe mais offrant moins de détails analytiques. Cette différence impacte la manière dont les informations sont communiquées aux parties prenantes et peut influencer les décisions d’investissement et de gestion.

Ces variations ne sont pas simplement techniques, elles reflètent une philosophie comptable adaptée au contexte économique et réglementaire marocain. Elles témoignent d’un cadre comptable pensé pour répondre aux besoins spécifiques des entreprises marocaines, tout en tenant compte des exigences de prudence et de transparence.


Entreprises Étrangères – Nécessaire adaptation aux exigences du CGNC

L’entrée des entreprises étrangères sur le marché marocain implique une adaptation incontournable aux exigences du Code général de normalisation comptable (CGNC). Cette adaptation n’est pas toujours aisée, car elle nécessite souvent la mise en place de processus comptables spécifiques qui se conforment à la réglementation locale, tout en restant cohérents avec les normes comptables internationales auxquelles ces entreprises sont habituées.

L’un des principaux défis pour ces entreprises est de comprendre et d’intégrer les différences fondamentales entre le CGNC et les normes internationales, notamment en termes d’évaluation des actifs, de reconnaissance des passifs, et de présentation des états financiers. Cette intégration demande non seulement une connaissance technique des normes comptables, mais aussi une compréhension approfondie du contexte économique et réglementaire marocain.

Dans ce contexte, l’assistance et la consultation par des experts en comptabilité et fiscalité marocaines deviennent cruciales. Ces professionnels peuvent aider les entreprises étrangères à naviguer dans le paysage comptable marocain, à mettre en place des systèmes de comptabilité adaptés et à assurer la conformité avec les exigences locales. Cette expertise est d’autant plus précieuse qu’elle permet aux entreprises de se concentrer sur leur cœur de métier tout en respectant les réglementations comptables et fiscales marocaines.

 


Réglementation des opérations en monnaies étrangères

 

Le traitement comptable des opérations en devises au Maroc, conformément au Code général de normalisation comptable (CGNC), implique des règles spécifiques. Les créances et dettes en monnaies étrangères doivent être converties en dirhams au cours de change du jour de l’opération. À la clôture de l’exercice, ces montants sont réévalués selon le cours de change du dernier jour de l’inventaire. Les écarts de conversion sont ensuite pris en compte dans le résultat fiscal. Pour les créances ou dettes réglées dans le même exercice, les différences de change sont considérées comme des pertes déductibles ou des gains taxables. La méthode de calcul basée sur la moyenne des cours d’achat et de vente n’est pas admise fiscalement​​.

Ce cadre réglementaire souligne l’importance d’une gestion précise et conforme des opérations en devises pour les entreprises opérant au Maroc, surtout lorsqu’il s’agit de transactions internationales.

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Traitement des Opérations en Monnaies Étrangères dans la Comptabilité Marocaine

La gestion des opérations en monnaies étrangères est un aspect crucial de la comptabilité marocaine, régie par le Code général de normalisation comptable (CGNC). Ce processus implique plusieurs étapes essentielles pour assurer la précision et la conformité des enregistrements comptables.

Conversion et Comptabilisation Initiale

Au Maroc, lorsqu’une entreprise engage une transaction en devise étrangère, celle-ci doit être initialement convertie en dirhams marocains (MAD) au cours de change du jour de la transaction. Cette étape est primordiale pour la traçabilité et la cohérence des enregistrements comptables, et doit refléter fidèlement la valeur de la transaction au moment de son exécution.

Réévaluation à la Clôture de l’Exercice

À la fin de chaque exercice comptable, il est nécessaire de procéder à une réévaluation des positions en devises. Cette réévaluation se fait sur la base du cours de change en vigueur à la date de clôture. Les écarts de change résultants, qu’ils soient des gains ou des pertes, doivent être comptabilisés dans les comptes de résultat de l’entreprise.

Traitement Fiscal des Écarts de Change

Sur le plan fiscal, ces écarts de change ont une implication directe. Les gains de change sont considérés comme des revenus imposables, tandis que les pertes de change peuvent être déduites. Cette approche assure que le traitement fiscal des opérations en devises est aligné avec la réalité économique de l’entreprise.

Implications pour la Gestion Financière

La gestion des opérations en monnaies étrangères exige des compétences en gestion financière, notamment pour anticiper les fluctuations des taux de change et leur impact sur les finances de l’entreprise. Les entreprises doivent adopter des stratégies de couverture efficaces pour minimiser les risques liés aux écarts de change.

En vertu du principe de prudence, les écarts de conversion-actifs donnent lieu à la constatation de provisions pour pertes de changes. Néanmoins, en vertu de ce même principe, aucun produit latent n’est comptabilisé pour les gains latents.

Traitement fiscal des pertes et gains de change

Le traitement fiscal en matière d’impôt sur les sociétés des opérations en monnaies étrangères au Maroc suit le traitement comptable ci-dessus.

En effet, on distingue les situations suivantes les :

  • gains de change définitifs réalisés à la suite d’un dénouement d’une opération constituent des produits taxables à l’I.S ;
  • pertes de change définitives réalisées à la suite d’un dénouement d’une opération constituent des charges déductibles de la base de l’I.S ;

Par ailleurs, l’entreprise doit évaluer les opérations en monnaies étrangères (les dettes et les créances)  à la clôture de chaque exercice. L’entreprise utiliser, pour ce faire, le dernier cours de change, conformément aux dispositions de l’article 10-II-B du C.G.I.

Cette situation peut se traduire par :

  • Premièrement, des écarts de conversion-actif (pertes de change latentes). Ils correspondent aux diminutions latentes de créances (ou augmentations latentes de dettes). Ces derniers donnent lieu à des provisions déductibles pour la détermination du résultat de l’exercice de leur constatation ;
  • Deuxièmement, des écarts de conversion-passif (gains de change latents). ls correspondent aux augmentations latentes de créances (ou diminutions latentes de dettes). Ces écarts sont imposables au titre de l’exercice de leur constatation.

Attention : Les gains de change latents ne figurent pas au niveau du compte de résultat de l’entreprise. Fiscalement, ils sont appréhendés de manière extra-comptable au niveau de l’état de passage de résultat net comptable (RNC) au résultat net fiscal (RNF).

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Rôle des Consultants en Comptabilité et Fiscalité

Pour naviguer efficacement dans ce domaine complexe, de nombreuses entreprises marocaines s’appuient sur l’expertise de consultants spécialisés en comptabilité et fiscalité. Ces professionnels fournissent des conseils stratégiques pour la gestion des opérations en monnaies étrangères, garantissant ainsi la conformité et l’optimisation fiscale.

 


Office de change – Réglementation des opérations en devises au Maroc

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Au cœur du système financier marocain, l’Office des Changes joue un rôle crucial dans la réglementation et le contrôle des opérations en monnaies étrangères. Cette institution, véritable pilier de la politique monétaire du Maroc, assure la surveillance et la mise en œuvre des règles régissant les transactions en devises étrangères, un aspect essentiel dans un contexte économique globalisé.

Missions Principales de l’Office des Changes :

  1. Régulation des Flux de Devises : L’Office des Changes est responsable de la réglementation des flux de devises entrant et sortant du pays. Il établit les directives pour les transactions en devises, que ce soit pour les importations, les exportations, les investissements étrangers, ou les transferts de capitaux.
  2. Contrôle et Surveillance : Pour assurer la conformité avec les réglementations en vigueur, l’Office exerce un contrôle rigoureux sur les transactions de change. Il travaille en étroite collaboration avec les banques et les institutions financières pour surveiller les opérations de change, veillant ainsi à la stabilité financière du pays.
  3. Lutte contre les Infractions Monétaires : L’Office des Changes joue un rôle actif dans la lutte contre les infractions monétaires, comme l’évasion de capitaux ou les transferts illégaux de devises. Il impose des sanctions en cas de non-respect des règles de change, contribuant à maintenir l’intégrité du système financier marocain.
  4. Facilitation du Commerce International : En définissant des règles claires et en fournissant des orientations sur les opérations de change, l’Office facilite le commerce international. Il aide les entreprises marocaines à naviguer dans le paysage complexe des échanges monétaires internationaux, soutenant ainsi leur croissance et leur expansion.
  5. Adaptation aux Évolutions du Marché : L’Office des Changes s’adapte continuellement aux évolutions des marchés financiers internationaux. Il met régulièrement à jour ses réglementations pour refléter les changements économiques mondiaux et répondre aux besoins de l’économie marocaine.

En conclusion, l’Office des Changes Marocain est une entité essentielle pour la bonne gestion des opérations de change dans le pays. Son rôle est d’autant plus important dans le contexte actuel de mondialisation économique, où les flux de capitaux transfrontaliers sont devenus monnaie courante. Sa gestion efficace des opérations de change est cruciale pour la stabilité économique et la croissance du Maroc.